En Isère, Vienne vous entraine à travers ses 2500 ans d’histoire. Ses fameux vins de Condrieu et de Côte-Rotie en font aussi une étape oenotouristique incontournable.
Située au Sud de Lyon, Vienne est connue pour son Festival de Jazz durant lequel les plus grands pointures du genre se produisent chaque début d’été dans son théâtre antique. Ce vaste demi-cercle de pierres n’est toutefois pas le seul témoignage de cette époque dans la cité iséroise. Après la conquête de la Gaulle par Rome et la soumission des tribus gauloises des Allobroges, “Vienna” fut en effet du Ier siècle avant JC jusqu’au IVème siècle un important carrefour commercial -pour le vin déjà- de la province de la Narbonnaise. Un dynamisme dû à sa position en bordure du Rhône et sur une voie menant de Lyon (Lugdunum) à Marseille (Massilia). Selon la capacité estimée du théâtre (11 000 places à l’époque pour 7 800 de nos jours après une récente restauration), 30 000 à 40 000 habitants résidaient alors en ses murs soit autant qu’aujourd’hui.
Ce passé antique déborde sur l’autre rive du Rhône, à Saint-Romain en Gal où en 1827 une sculpture en marbre, Aphrodite accroupie, fut découverte dans un complexe thermal. Pour admirer cette composition délicate en marbre également appelée Vénus de Vienne il faut toutefois se rendre au musée du Louvre où elle est exposée depuis 1878. Mais c’est le projet de construction d’un lycée en 1967 qui allait mettre à jour les vestiges d’un vaste quartier gallo-romain avec ses voies pavées et de luxueuses villas. A partir des bases de murs, futs de colonne, bassins, ruines de thermes et traces de mosaïques il faut faire travailler son esprit pour imaginer l’aisance de ces domus dont la taille pouvaient atteindre 3000 m². Récemment, 200 pieds de vignes ont été plantés à proximité afin de montrer aux visiteurs les techniques viticoles en vigueur à l’époque. Quelque 200 litres de vin y sont ainsi produits chaque année. Surplombant le site archéologique via d’ingénieux pilotis, un musée archéologique a été édifié par le département du Rhône dans les années 1990 afin d’abriter les trésors découverts lors des campagnes de fouilles, dont une collection unique de mosaïques, témoignages d’un art de vivre raffiné. Ainsi cette immense composition “Hylas et les nymphes” évoque les aventures de ce compagnon d’Héraclès lors de l’expédition des Argonautes dans la quête de la mythique Toison d’Or. Avec 300 pavements répertoriés, le musée héberge d’ailleurs un atelier de restauration de mosaïques dont le savoir-faire est reconnu en France comme à l’international à l’occasion de missions archéologiques. Sa visite est possible sur rendez-vous ou lors des Journées du Patrimoine.
Outre son imposant théâtre dominant la cité, Vienne est de fait l’une des villes françaises conservant le plus de vestiges gallo-romains avec les ruines d’un odéon, de forum, de stade, d’un aqueduc, d’enceintes… Sans oublier, surtout, son élégant temple, dit d’Auguste et de Livie, le mieux conservé avec celui de la Maison carré à Nîmes, parvenu jusqu’à nous grâce à sa conversion en église lors de la christianisation de la Gaule puis en tribunal de Commerce après la Révolution. Un petit miracle car dès la chute de l’Empire romain, les pierres des bâtiments antiques furent pillées et réutilisés pour édifier des habitations et ces “maisons” dédiées à ce nouveau dieu chrétien. Le haut mur de scène du théâtre antique ni résitera pas. Au fil d’une promenade dans les rues étroites du centre-ville, il n’est ainsi pas rare d’observer des éléments de colonnes, de chapiteaux corinthiens ou de stèles aux inscriptions latines incrustés dans les murs d’édifices médiévaux ou de belles demeures d’époque Renaissance. Certains de ces éléments architecturaux ainsi que des découvertes de fouilles (sarcophages, statues, stèles, amphores…) sont exposés en un sympathique bric-à-brac dans une ancienne église romane devenue Musée archéologique Saint-Pierre. Un lieu qui sert de cadre original à des concerts de musique classique ou de jazz, notamment durant le festival de jazz.
La fin des Templiers
L’époque médiévale constitua une autre période faste pour Vienne qui vit s’ériger une kyrielle d’églises, sa cathédrale Saint-Maurice de style gothique flamboyant et une abbaye dont le cloître Saint-André-Le-Bas (VI-VIIe siècles) a traversé les siècles. Un tiers des habitants était ainsi constitué de clercs au XIIème siècle. C’est à Vienne que se déroula égalemnt en 1311-1312 l’interminable Concile qui allait mettre fin au très mystérieux ordre des Templiers, en présence du roi Philippe le Bel et du pape Clément V. C’est également sous les hautes voutes de la cathédrale que fut couronné le pape Calixte II par le roi Louis VI le Gros en l’an 1120.
Toute découverte à pied de Vienne s’achève en son point culminant, sur le mont Piquet. Emplacement d’un ancien oppidum romain, le site est surmonté depuis le XIXème siècle par une chapelle, Notre-Dame de la Salette. L’ascension vaut le détour pour sa terrasse qui offre un panorama grandiose sur la cité et Saint-Romain en Gal, le théâtre antique en contrebas, le Rhône et les ruines du château médiéval de la Batie perché sur l’éperon voisin du mont Salomon. Au loin, s’étendent les coteaux viticoles de Côte-Rôtie et Condrieu.
Vienne en musique
Chaque année depuis quatre décennies, le festival Jazz à Vienne prend ses quartiers d’été sur les places de la ville et dans les gradins du théâtre antique. Tous les plus grands musiciens, français et internationaux, s’y sont produits durant ces 15 jours, à cheval entre juin et juillet, qui attirent plus de 200 000 festivaliers. A noter que la grande majorité des 250 concerts sont gratuits à l’exception notamment de ceux ayant pour cadre le théâtre antique. Quelques originalités avec ces concerts Jazz & Wine suivis d’une dégustation se déroulant dans des domaines viticoles ou au musée archéologique Saint-Pierre.
Sur la Via Rhôna
Vienne borde la Via Rhôna, parcours cyclotouristique filant sur 815 km du lac Léman jusqu’à la Méditerranée. A pied, en vélo ou en gyropode, vous pouvez ici découvrir les rives du Rhône sur une trentaine de kilomètres, de Saint-Romain en Gal à Sablons mais aussi les plaines maraichères et arboricoles fruitières d’Ampuis, sans oublier de grimper sur les coteaux des vignobles réputés de Condrieu et de Côte-Rôtie. L’occasion de visiter des chais privés et d’admirer de magnifique panoramas de cette vallée du Rhône.
Oenotourisme
Séjourner à Vienne permet de découvrir les célèbres vignobles AOP de Condrieu en blanc et de Côte-Rôtie en rouge au travers de visites de domaines, de balades au cœur des vignes et d’une incontournable dégustation de vins issus de différents cépages (Condrieu, Côte-Rotie, Saint-Joseph…). Une trentaine de domaines ouvrent leurs portes aux visiteurs tout au long de l’année pour des rencontres authentiques avec des vignerons passionnés par leur métier. Ainsi, le Domaine Corps de Loup de la famille Daubrée qui s’étend sur 9 hectares avec ses vignes en Syrah et Viognier, son parc aux essences rares, sa jolie bâtisse XVIIème et son chai à la superbe cave d’élevage voutée où sont produits 20 000 bouteilles par an. www.corpsdeloup.com
A Ampuis, le Caveau du Château de la maison E.Guigal propose des dégustations, un bel espace de vente de ses vins mais aussi un intéressant petit musée consacré à l’histoire viticole dans cette vallée du Rhône via la présentation d’objets depuis l’époque antique.
www.lecaveauduchateau.com
A découvrir également à Villette-de-Vienne la Maison J.Colombier qui cultive 7 hectares de poires William’s pour une eau-de-vie artisanale dont la fabrication n’aura plus de secrets pour vous.
www.poire-colombier.com
Faire le marché
Chaque samedi matin, Vienne vit au rythme de son marché, l’un des plus grands de France depuis le XIIIème siècle. Les étals des commerçants couvrent les rues et places du centre-ville pour proposer des montagnes de fruits et légumes locaux des plus colorés ainsi que nombre de productions artisanales : vins de pays, confitures, fromages dont la fameuse AOP Rigotte de Condrieu au lait de chèvres, poulets fermiers, salaisons issues de cochons élevés en plein air…
| A ne pas louper |
Situé à 20 mn de Vienne, un détour s’impose par le Château de Septème dont les hautes tours dominent un élégant parc et un anneau de remparts long d’un kilomètre. Edifié par la puissante maison de Savoie au XIVème siècle à côté d’un ancien fort médiéval, cette demeure eut l’honneur d’accueillir Catherine de Médicis en 1563 accompagnée du roi Charles IX, de la reine Margot et des futurs Henri IV et Henri IV. Ses propriétaires, la même famille depuis la Révolution, proposent des visites qui témoignent de la vie seigneuriale à l’époque médiévale et à la Renaissance.
www.chateau-septeme.com
| Où Dormir |
– Ibis Hôtel Vienne Saint-Louis 3* –
Cet hôtel petit prix de 80 chambres a l’avantage d’être situé près du centre-ville et de l’église Saint-André-Le-Bas. Il suffit en outre de traverser le pont enjambant le Rhône devant l’établissement pour rejoindre à pied le musée archéologiques de Saint-Romain en Gal. La cour de l’hôtel où il est possible de prendre un verre ou son petit-déjeuner conserve les traces d’un ancien édifice religieux d’époque médiévale.
all.accor.com
– Relais & Châteaux La Pyramide-Maison Henriroux 4* –
A deux pas de la Pyramide qui trônait au centre de l’ancien stade antique, cette adresse chic possède 19 chambres au décor contemporain ainsi que 4 appartements. Son agréable jardin abrite une table gastronomique ainsi qu’un restaurant classé 2* Michelin où officie le chef Patrick Henriroux. Le lieu est connu des gastronomes puisque le chef Fernand Point, le pape de la nouvelle cuisine française, y officia pendant plusieurs décennies, formant même Paul Bocuse à ses débuts.
www.lapyramide.com
– Le Cottage de Clairefontaine 3* –
Dans le village de Chonas à 10 km de Vienne, les propriétaires du Domaine de Clairefontaine ont transformé une ancienne ferme en Cottage, petit hôtel 3* proposant 9 chambres au décor moderne, 2 suites et un appartement. On y vient ausi pour sa table bistronomique mettant à l’honneur les produits du terroir local. Non loin de là, le Domaine de Clairefontaine se compose d’un hôtel 4*, les Jardins au style d’ancien séchoir à noix du dauphiné, et d’une maison de maître datant de la fin XVIIème abritant un hôtel de charme de 7 chambres ainsi qu’un restaurant gastronomique classé 1* au Michelin grâce aux talents du chef Philippe Girardon.
Domaine-de-clairefontaine.fr
| A table |
– Le Bistrot de Serine –
Entre deux visites de domaines, Le Bistrot de Serine à Ampuis est une halte gastronomique réputée et appréciée des viticulteurs alentours qui y proposent leurs productions, à table, juste pour un verre ou à emporter grâce à la vinothèque de ce restaurant. Sa terrasse ombragée avec vue sur les coteaux est un “plus” l’été.
www.bistrotdeserine.com
| Se renseigner |
Office du tourisme de Vienne-Condrieu
www.vienne-condrieu.com
Tél. : 04 74 53 70 10
Email : contact@vienne-condrieu.com